Rodolphe Marconi: |
-Bonsoir |
Daniel Schick: |
-Ah non, vous n'allez pas jouer au timide, hein ? |
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-Non, non, je ne suis pas timide. |
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-Vous n'êtes pas timide ? |
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-Non. |
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-Alors pourquoi vous faites du cinéma si c'est pas pour vous
soigner votre timidité ?
Vous faites du cinéma pour trouver une identité ? |
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-(rires) Non, je ne crois pas. (Laure souffle)
Parceque j'ai besoin d'en faire sûrement. Dans la survie c'est
important, mais aussi pour le plaisir. Si tant est que ce soit encore du
plaisir... Oui ? |
Laure de Lattre: |
-Pourquoi, on se dit tu ?, tu dis "la survie" ? |
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-Parce que parfois on peut se tromper, où plutôt si
on le trouve pas forcément dans la vie des moyens de...ouais par
moment le cinéma peut être une survie comme je pense l'écriture
pour certains compositeurs de musique, l'écriture musicale était
une survie. |
Daniel Schick: |
-Votre livre s'appelle...heu votre livre ? votre film s'appelle Ceci
est mon corps, vous l'aimez ? |
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-Mon corps ou le film ? |
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-Oh, bah non, votre corps ! |
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-Heu... |
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-Le film vous pouvez pas dire le contraire. |
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-Mon corps je changerai pas mal de choses, mais ça va, il
paraît que ça va bien. |
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-Qui vous l'a dit ? |
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-Plusieurs personnes. |
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-Mais vous avez eu un problème avec lui ? |
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-Ah, heu sexuellement, non. (rires de Laure) |
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-Je parle de votre corps. |
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-Non, parce que le premier rôle est éjaculateur précoce
dans le film à un moment. |
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-Oui, j'avais remarqué puisqu'on a rien vu. La caméra
n'a pas eu le temps d'arriver sur lui. (rires) |
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-Donc voilà, ça c'était arrivé à
un copain, enfin c'était juste passager, mais il m'en avait beaucoup
parlé. Je crois que c'est quelques chose qui dérange beaucoup
les garçons. |
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-Quoi, l'éjaculation précoce ? |
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-Ouais, plutôt, ouais. |
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-Bah, y a peut-être pas qu'eux que ça dérange,
d'ailleurs. |
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-De toute façon, ce film dérange beaucoup les hommes
en général. Donc... |
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-Alors, je vais pas raconter le film, mais j'espère que ça
donnera envie à ceux qui nous écoutent de le voir, et il
faut se dépêcher parce que vous savez un film meurt très
vite. Il suffit que les gens n'aillent pas le voir... On oublie ça,
c'est terrible le marché du cinéma. Si on se précipite
pas voir un film, au bout d'une semaine c'est plus 20 salles mais 2 salles,
puis c'est les petites salles, puis c'est plus de salles du tout.
Et un premier film, l'avenir d'un cinéaste, ça dépend
quand même de ça.
Et votre film je l'ai trouvé très émouvant parceque
d'abord chaque personnage est émouvant. Chaque personnage a un problème
d'identité.
Il y a une grand-mère, Annie Girardot, qui n'arrive pas à
accepter que son petit-fils soit mort. Elle a un petit-fils encore vivant,
qui est le personnage principal, qui s'appelle Antoine, qui lui aussi a
un petit problème d'identité. Il est écrasé
par sa famille et heureusement, il veut en tous cas faire du cinéma.
Et malheureusement il n'en fera pas.
Il y a une cinéaste Jane Birkin qui, qui est la cinéaste
qui pourra donner sa chance à ce jeune homme, qui elle a aussi un
problème d'identité. A un moment donné elle a aimé
une femme pendant 2 ans, puis elle est tombée amoureuse d'un jeune
acteur homo et ils se sont beaucoup amusés, mais lui s'est suicidé
après, et je peux continuer comme ça...
Il y a quand même dans votre film pas un personnage qui va bien
Rodolphe Marconi, pourquoi ? Votre personnage principal Antoine, qui est
interprété par un acteur extraordinaire qui s'appelle Louis
Garrel ne sourit jamais...
C'est quand même pour nous dire que tout va mal.
Tous ont un problème d'identité ? non ? |
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-Heu, oui (très faiblement) |
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-C'est quoi la question ? |
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-Non, la question que vous m'avez posé, c'est pourquoi tout
le monde va mal, en gros ? |
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-Bah oui, bah oui ! |
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-Heu, en fait j'ai co-écrit ce scénario avec Gilles
Taurand et au départ Gilles, je crois qu'il tient ça d'André
Téchiné, il part toujours des personnages. Donc c'est vrai
que durant 3 mois, les 3 premiers mois d'écriture, on a consacré
notre temps, notre énergie au personnage. Et pour pouvoir écrire
et réaliser ce film j'avais besoin de personnage que je connaissais.
C'est vrai que les gens... c'est peut-être dur de dire ça...
mais c'est vrai qu'en général dans la vie les gens heureux
ne m'intéresse pas beaucoup. Donc je trouve que c'est pas très
intéressant. |
Daniel Schick: |
-Donc tout ce que Laure a raconté depuis le début de
l'émission... |
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-Je ne sais pas, je n'étais pas là. |
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-Elle a dit "tout va bien, je suis heureuse". |
Laure de Lattre: |
-Pourquoi les gens heureux ... Laisse moi parler ! |
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-Non, c'est mon émission |
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-Oui, mais c'est moi l'invité ! (rires) |
Daniel Schick: |
-Non, tu es une des invités ! |
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-Oui, mais quand même (...) justement j'ai une question à
lui poser.
(...) T'as pas envie d'être heureux, toi ? |
Rodolphe Marconi: |
-Si, si, non bien sûr mais je ne sais plus qui disait "la
joie était un état liquide, le bonheur un état solide".
Moi, je fais parti encore un peu des gens qui pour l'instant peuvent avoir
de grands moments de joie, on peut appeler ça de l'hystérie
ou n'importe quoi, et aussi de grands moments de Down, quoi. |
Laure de Lattre: |
-Et les grands moments de down ils durent longtemps, tu les gères
comment ? |
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-L'un comme l'autre... |
Daniel Schick: |
En tous cas, c'est l'inspiration de son oeuvre. |
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-Voilà, ce sont des signes qui... (signe de Daniel pour
l'interrompre) Oui ? |
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- Ah non, je faisais le signe du chef d'orchestre qui fait signe d'envoyer
le disque, mais vous avez le droit d'aller jusqu'au bout. |
Laure de Lattre: |
-On comprend rien de ce que tu dis. |
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-Vous, elle ne comprend pas ce que vous dites. |
Daniel Schick: |
-Bah, c'est parce qu'il y a un problème entre nous, mais bon,
c'est pas grave, y'en a pas entre nous Rodolphe ? |
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-A priori, non ! (rires) |
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-Vous alliez dire quelque chose, vous pouvez aller jusqu'au bout... |
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-(...) Je trouve que le bonheur dans cet état solide est
quand même plutôt.... enfin... Il y a un état comme
ça d'encrétinement (Laure: Oh !) parfois qu'atteignent
les gens quand ils sont heureux, qui moi, me fais un peu peur. |
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-Mais, je répète, dans votre film, quand même il
n'y a personne pour sauver personne. C'est-à-dire qu'il y a 2 personnages
qui se suicident, y a un type qui pense que sa vie va enfin changer et
qu'il va quitter l'univers bourgeois familial et ses études de commerce
pour faire du cinéma. Il va oser faire ça mais malheureusement
le film ne va pas se faire. Il va enfin faire tomber Jane Birkin mais au
moment où elle va enfin vouloir l'embrasser il va fuir ce baiser.
Ils fuient tous le bonheur, donc je me suis demandé si
c'était quand même pas votre problème à vous
ça ? |
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-Heu, oui, enfin peut-être aussi, je crois que c'est pas uniquement
le mien. Mais c'est pas un film non plus si noir que ça (rires)
sinon les gens vont se dire on va pas le voir. Y a quand même beaucoup
de vie. Je crois puisque... il a pas mal marché cette semaine. Il
est sorti mercredi dernier, on a perdu que 2 salles
en deuxième semaine, donc on a encore 7 salles, c'est plutôt
bien. A Paris. Il se trouve que les gens se retrouvent quand même
un peu dans tout le monde. Je finis juste. J'ai pas dis que le personnage
est comme ça ou comme ça. J'explique bien que c'est un moment
dans une vie de chaque personne. Et il se trouve que tout le monde est
un peu... |
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-Entre ? |
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-Oui. |
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-Mais la quête de l'identité c'est quand même un
beau sujet, puisque c'est l'histoire de votre vie et un peu de la nôtre. |
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-Je connais pas beaucoup de gens qui l'ont trouvés leur identité. |
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-On fait une pause si vous voulez bien. (...) |
Fin de la première partie de l'interview.