La société Gémini productrice du "Ceci est mon corps" a été assignée en référé par l'AGRIF. L'association demande le retrait des affiches du film.

Ceci est mon corps, titre du film de Rodolphe Marconi qui doit sortir le 29 août, choque l'association AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) qui a demandé l'interdiction d'affichage et a assigné en référé mardi 14 août la société Gemini Films de Paolo Branco, producteur de Raoul Ruiz, Manoel de Oliveira ou encore Catherine Corsini.
L'audience est prévue mardi 21 août au matin devant le tribunal de grande instance de Paris. L'AGRIF a estimé que la phrase-titre, utilisée dans la liturgie catholique au cours de la messe, était "une offense gratuite et publique aux sentiments religieux les plus respectables". Elle a demandé l'interdiction de l'affichage sur la voie publique qui "constitue, selon elle, un trouble manifestement illicite".
"Le titre est justifié par le contenu du film que l'association ne met pas en cause et qui n'est d'ailleurs pas provocateur" a expliqué Paolo Branco à l'AFP. Il se dit "assez confiant" mais juge "terrifiante cette tentative d'instaurer une censure basée sur le fondamentalisme".
Laurence Gachet, la responsable des ventes chez Gémini a expliqué à AlloCiné que ce référé pouvait "mettre en danger la sortie du film". "Changer le titre du film quelques jours avant sa sortie c'est aller au massacre. Leurs arguments sont tirés par les cheveux. J'espère qu'ils n'auront pas gain de cause." Dans le cas contraire, Gémini prévoit "de mobiliser la presse. C'est une atteinte à la liberté d'expression."

Godard, Forman, Scorsese...
L'AGRIF n'en est de loin pas à son premier procès. Des films de Godard, Mocky (pour l'affiche de son film Il gèle en enfer, qui montrait des angelots en bas résille ou en pleine érection), Forman ou Sorsese avaient été inquiétés. L'association avait organisé des manifestations contre le film de Jean-Luc Godard, Je vous salue Marie, sorti en 1984. Elle avait été déboutée de sa demande de censure au motif que le film était uniquement projeté en salle et ne pouvait donc pas choquer des personnes qui n'auraient pas voulu le voir. Une action avait aussi été intentée en 1988 contre la projection du film de Martin Scorsese, La Dernière tentation du Christ. Des cinémas parisiens programmant le film avaient été incendiés. L'AGRIF avait également assigné en référé les producteurs de Larry Flint de Milos Forman dont l'affiche présentait l'acteur principal, Woody Harrelson, les bras en croix. L'AGRIF avait été déboutée mais Milos Forman avait préféré retirer l'affiche. Actuellement l'AGRIF a également plusieurs procès en cours avec le magazine Charlie Hebdo.

Ceci est mon corps, premier film de Rodolphe Marconi, avait été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, en mai dernier, sans susciter de réactions.
Le film, qui marque le retour de Jane Birkin à l'écran est l'histoire d'un jeune homme brillant, à l'avenir tout tracé : succéder à son père à la tête d'une entreprise. Mais il s'ennuie et, par jeu et par défi, accepte le premier rôle dans un film en préparation et se trouve écartelé entre l'amour blessé de ses parents et la passion vorace de sa réalisatrice.

M-C.H. - AlloCiné 17 Août 2001
AlloCiné : Actualités : Business

Les intégristes chrétiens à l'assaut de "Ceci est mon corps".

Article de Sarah Drouhaud.
 

Un titre de film tiré de la liturgie catholique peut-il être interdit ? En intitulant son film Ceci est mon corps, qui doit sortir le 29 Août, le réalisateur Rodophe Marconi, a choqué l'association Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne), qui du coup a assigné en référé le producteur du film, Paulo Branco (Gémini Films). Sans que le contenu du film soit en cause, l'association demande l'interdiction des affiches publicitaires, au motif que la phrase titre, appartenant au domaine liturgique, est "une offense gratuite et publique aux sentiments religieux les plus respectables."

L'enjeu : la censure des cinéastes

Pour mémoire, l'Agrif était à l'origine des actions similaires engagées contre le film de Jean-Luc Godard, Je vous salue Marie, La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese, et plus récemment Larry Flint de Milos Forman. L'avocat de la défense nie à l'Agrif le droit d'agir au nom des Chrétiens. Et lui reproche d'être proche du Front national à l'instar de l'association Promouvoir à l'origine de l'affaire Baise-moi. En attaquant la décision de classemnt du film, cette dernière est à l'origine de la modification de la réglementation sur la classification qui a rétabli l'interdiction aux moins de 18 ans pour des films non classés X. En l'espèce, l'enjeu ne saurait être une modification de la réglementation mais une censure des cinéastes. Le producteur a ainsi jugé "terrifiante" cette "tentative d'instaurer une censure basée sur le fondamentalisme". Outre l'argument de fond, la défense a fait remarquer que l'action de l'association arrive tardivement, le film ayant été présenté à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs.  Après l'audience de référé du 21 Août, le jugement sera rendu jeudi 23 Août, soit au lendemain de notre bouclage. Au cour de l'audience, le parquet a néanmoins estimé que "hors de toute volonté agressive ou nuisible à la religion, la position de l'Agrif était "intégriste".

Source: Le Film Français (hebdomadaire français) du vendredi 24 Août 2001, n.2897, page 4.
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